dimanche 7 juin 2015

Il y a 48 ans éclatait la guerre des Six-Jours : documents rares déclassifiés


A l'occasion du 48ème anniversaire du déclenchement de la Guerre des Six-Jours le 5 juin 1967, le ministère israélien de la Défense a décidé de déclassifier une série de documents et de photographies concernant les réunions du gouvernement de l'époque qui se tenaient dans le bunker ultra-sécurisé de l'état-major de Tsahal à Tel Aviv...

Ces documents révèlent entre autre que, trois jours avant le début du conflit, le chef d'état-major Yitzhak Rabin (qui fut par la suite Premier ministre) a déclaré au cours d'une réunion des ministres du cabinet de sécurité avec les généraux de l'état-major que l'armée israélienne et lui même n'étaient pas vraiment intéressés à entrer en guerre.
Cependant, Rabin avait également souligné que si l'Etat d'Israël n'attaquait pas les armées arabes dans les plus brefs délais, cela mettrait en danger l'existence même du pays.
Certains documents, classés jusqu'à présent "Top Secret", révèlent également la polémique entre le général Ariel Sharon, appelant à entrer immédiatement en guerre, et le Premier ministre Levi Eshkol qui souhaitait étudier encore d'autres possibilités diplomatiques pour mettre un terme à la crise entre Israël et l'Egypte.
Des membres du commandement suprême de l'état-major de Tsahal ont tenu un journal de guerre qui relate la prise de la Vieille Ville de Jérusalem.

"A 10h08, nous reçu l'information selon laquelle "le Mont du Temple (Esplanade des Mosquées pour les Musulmans, ndlr) est entre nos mains" et que des unités se trouvent devant le Mur des Lamentations (Le Mur occidental, lieu Saint pour les Juifs, ndlr).Le ministre de la Défense (Moshé Dayan) a donné l'ordre de ne pas s'approcher des mosquées", peut-on lire dans le journal.
Autre détail du journal: les Israéliens envoient un message au roi Hussein dans lequel ils font savoir qu'ils vont bombarder Amman si les Jordaniens ne cessent pas leur bombardement de Jérusalem.
Le 5 juin à l'aube, l'aviation israélienne détruit en trois heurs, au cours de raids surprise, la totalité des avions de l'armée de l'air égyptienne qui étaient tranquillement déployés sur les tarmacs des bases aériennes.
Le 2 juin s'était tenue la réunion du gouvernement de Lévi Eshkol dans les locaux de l'état-major avec le nouveau ministre de la Défense, le mythique général Moshé Dayan, nommé la veille sur la pression du public.
Cette réunion cruciale s'ouvre par un briefing du chef des Renseignments militaires de Tsahal, le général Aharon ("Aharale") Yariv qui explique qu'un des scenarii possibles pourrait être le bombardement par l'aviation égyptienne du site nucléaire de Dimona et des aérodromes israéliens.
Le commandant de l'Armée de l'Air, le général Mordehaï (Moti) Hod révèle que les avions égyptiens ont réussi à effectuer des missions de reconnaissance dans l'espace israélien au moins à quatre reprises, photographiant même le port d'Eilat sur le Mer rouge et un autre site, toujours sous censure, à l'époque et dont on estime que c'était Dimona.
Aharale Yariv reprend la parole; expliquant que les efforts des Etats-Unis ou d'une force internationale pour lever le blocus égyptien du déroit de Tiran bloquant Eilat ont échoué.
"Nous estimons que les Américains n'envisagent pas de prendre des actions fortes et sérieuses pour lever le blocus naval et résoudre la crise. Nous pensons que les Américains comprennent qu'il nous faut agir et les experts américains sont d'avis qu'Israël peut gagner la bataille", souligne Yariv pour lequel ces éléments indiqueraient que l'administration américaine donne son accord au lancement d'une attaque par Israël.
Le chef d'état-major de Tsahal, Yitzhak Rabin, quant à lui, réapparaît après quelques jours de dépression nerveuse camouflée en "surconsommation de nicotine". Il lance une mise en garde. "Au fur et à mesure du temps qui passe et de l'inaction d'Israël, la confiance arabe s'accroit et notre mission sera par conséquent plus difficile".

Pourtant, la plupart des ministres ne sont pas encore convaincus. Ils sont inquiets par une éventuelle intervention soviétique dans le cas d'une attaque préventive israélienne. ils posent des questions quant aux capacités de défense de l'armée et particulièrement de l'aviation, dans la protection des villes contre les bombardements égyptiens.
Eshkol et ses ministres; dont Menahem Begin qui a rejoint le gouvernement d'union nationale, hésitent toujours, ce qui conduira le général Ariel (Arik) Sharon a utiliser un vocabulaire dur et méprisant à l'égard des politiciens.
"A cause de nos hésitations et nos pertes de temps, nous avons perdu notre principal facteur de dissuasion, à savoir la peur par les pays arabes de notre armée. Nous sommes en train de détruire notre dissuasion un peu plus chaque jour", assène celui qui devint bien plus tard Premier ministre.
Puis intervient pour la première fois Moshé Dayan. Il estime que, bien qu'il n'y ait aucune garantie,Tsahal est en mesure de vaincre l'armée égyptienne en 6 jours, exactement le même nombre de jours que lors de la campagne du Sinaï de 1956, lorsqu'il était lui-même chef d'état-major, ajoutant néanmoins que quelques jours supplémentaires pourraient être nécessaires pour conquérir Sharm-el-Sheikh dans la pointe sud du sinaï qui contrôle de détroit de Tiran.
"Qu'attendons-nous", demande Dayan, une question reprise par le général Matti Peled (appelé plus tard Matti le Rouge) qui deviendra un des premiers responsables à estimer que les Palestiniens ont droit à un Etat.
Toujours selon les documents publiés, Eshkol tente de calmer la fougue de Dayan et des généraux, et, se tournant vers Sharon, il dit: " J'ai été dégoûté par ce que vous avez dit".
Eshkol insiste sur sa crainte , en dépit des paroles rassurantes de Rabin, que les Russes interviennent.
La réunion prend fin au bout de 2h30 de discussions sans aucune prise de décision. Elle fut appelée par le suite le "Putsch des Généraux".
Deux jours plus tard, Eshkol et le cabinet restreint de sécurité donnent l'ordre à Tsahal de lancer l'opération "Drap rouge", le nom de code pour l'attaque préventive contre l'Egypte et pour une guerre qui dura Six-Jours, mais qui a bouleversé l'histoire d'Israël.
Source I24News