lundi 22 juin 2015

Israël 2025 : le gouvernement adopte une stratégie économique et sociale


Le gouvernement israélien a décidé de voir loin : dans un pays politiquement instable, une stratégie pour les dix années à venir peut surprendre. Curieusement, le quatrième gouvernement de Benyamin Netanyahou a décidé d’élargir son horizon ; dans un pays où la durée de vie moyenne d’un gouvernement est de deux ans, il paraît surprenant d’adopter des résolutions qui engageront le pays pour les 5 ou 10 prochaines années. C’est pourtant ce pari que relève le conseil des Ministres réuni ce dimanche à Jérusalem...


Après avoir tenté d’adopter un budget qui couvrirait trois ans (mais en vain), le Premier ministre veut renforcer la capacité de son gouvernement à gérer des orientations à long terme.
C’est pourquoi, le menu de la réunion ministérielle hebdomadaire comporte un article inhabituel : « l’adoption d’une stratégie économique et sociale pour la décennie à venir ». L
a nouveauté réside dans le fait qu’en Israël, la planification à long terme a été abandonnée il y a belle lurette.

FIN DU “BUSINESS AS USUAL

Pourquoi alors se lancer dans une stratégie à long terme dont les chances d’application sont minimes ? La réponse se trouve dans le texte remis ce matin aux ministres israéliens : « L’évaluation de la situation stratégique est destinée à servir de boussole aux décisions du gouvernement qui visent à inverser la tendance du “Business as usual” (les affaires continuent) de l’Etat d’Israël dans la perspectives des 5-10 années à venir ».
Pour inverser le scénario du “business as usual”, le gouvernement israélien estime qu’il y existe un réel besoin d’identifier les enjeux stratégiques et d’y répondre ; cette réflexion stratégique évitera aux enjeux nationaux de « tomber entre les chaises », pour reprendre les termes de la proposition soumise au Conseil des ministres.

SEPT PISTES D’ACTION

Concrètement, le gouvernement israélien s’est fixé 7 pistes d’action qui sont dérivées des questions stratégiques :
1. Développement du capital humain : intégration de toutes les franges de la population israélienne au marché du travail comme femmes, Harédim, arabes, et originaires d’Éthiopie ; plan national d’amélioration de l’éducation ; politiques proactives pour l’emploi, etc.
2. Productivité et concurrence : réduction de la bureaucratie, attrait de sociétés multinationales, élargissement des débouchés extérieurs, etc.
3. Stratégie en matière de logement : constructions accélérées, rénovation urbaine, politiques immobilières d’incitations, etc.
4. Développement économique régional : plan global du développement du nord du pays, rapprochement des métropoles urbaines, priorité aux transports en commun, etc.
5. Structures de financement : facilités d’accès au crédit, réformes de la Bourse, mise en place d’un “Comité de stabilité financière”, etc.
6. Perspectives de vieillissement de la population : traitement du déficit actuaire de la Sécurité sociale, réformes des pensions, recul de l’âge de la retraite, etc.
7. Israël digital : plan numérique national, déploiement de fibres optiques, services publics digitaux, etc.

Il faut se rendre à l’évidence : les intentions sont bonnes. L’inconnu concerne les moyens que se donnera le gouvernement pour passer à l’acte.
Pour l’heure, la seule décision prise par le conseil des Ministres est la mise en place d’un Cabinet interministériel à la Stratégie.
Cela risque de ne pas suffire pour hisser Israël au rang des pays occidentaux qui disposent de véritables outils de prospective.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley