mardi 9 juin 2015

Israël : la productivité du travail inférieure de 13% à celle de l'OCDE

Israël, nation start-up ? Pas pour tout le monde : en Israël, la productivité du travail est inférieure de 13% à celle de la moyenne de l’OCDE. Ce ne sont pas les appels au boycott qui menacent l’économie israélienne, mais le faible rendement de sa population active. La Banque centrale d’Israël tire à nouveau la sonnette d’alarme : la productivité moyenne de l’Israélien est particulièrement basse. Ce qui paraît paradoxal puisque la durée du travail en Israël est une des plus longues des pays occidentaux...Analyse...


Or la productivité (c’est-à-dire ce que chaque salarié produit) est la clé de l’amélioration du niveau de vie. Si l’Israélien veut réduire l’écart entre son niveau de vie et celui, plus élevé, de la France ou des Etats-Unis, il ne lui suffira pas de travailler plus ; il devra travailler mieux, quitte à travailler moins.

40 % DE MOINS QU’AUX ÉTATS-UNIS

En Israël, le produit par tête est de 32.000 dollars, contre 38.000 dollars pour la moyenne des pays de l’OCDE et contre 53.000 dollars aux Etats-Unis. L’écart est significatif ; depuis le milieu des années 1990, la production par heure travaillée ne progresse que très lentement.
Ce qui explique qu’aujourd’hui, un Israélien produit 13% de moins par an qu’un salarié d’un des 34 pays membres de l’OCDE, et 40% de moins qu’un américain.
Et pourtant, la population active en Israël augmente régulièrement et à un rythme relativement élevé ; la participation croissante des Arabes et des Harédim contribue à l’augmentation de la production nationale.
Or l’écart entre la productivité en Israël et celle de l’OCDE ne se réduit pas pour autant.
La Banque d’Israël explique cet inquiétant phénomène par le niveau de compétitivité et de concurrence : la productivité est forte dans les secteurs ouverts à la concurrence et qui exportent une grande partie de leur production (high-tech); elle est faible dans les secteurs qui produisent pour le marché local et qui ne sont pas ouverts à la concurrence (construction, alimentation).

FAIBLESSE DU CAPITAL HUMAIN

Quels sont les facteurs qui conduisent la production horaire à augmenter si lentement en Israël ?
Pour la Banque d’Israël, cette situation est le résultat d’une politique économique qui, pendant de nombreuses années, s’est accommodée de bas salaires, a favorisé l’emploi précaire et temporaire, a réduit à néant la formation professionnelle et n’a pas investi suffisamment dans le capital humain.
Et si des grandes entreprises multinationales viennent investir en Israël (notamment dans la R&D), les autres secteurs traditionnels de l’activité restent à l’écart du progrès technologique, faute d’investissement public.
Autrement dit, la faiblesse de la productivité est le résultat des priorités budgétaires du gouvernement.
La médiocrité des infrastructures et l’insuffisance des investissements n’ont pas permis le développement d’activités productives, même si la durée du travail reste longue : « l’importance des heures travaillées se traduit par une production horaire relativement faible » conclut la banque centrale. Sans compter le poids de la bureaucratie qui freine l’initiative privée : Israël est désormais classé au 40e rang de l’indice « Doing Business » de la Banque mondiale, et son rang s’éloigne chaque année des pays les plus performants.

LES QUATRE MESURES DE LA BANQUE CENTRALE

Pour renverser la courbe de la productivité en Israël, la banque centrale propose un train de mesures visant quatre principaux objectifs :
- accroître la population active du pays en intégrant davantage au marché du travail les minorités ethniques et religieuses, les femmes, les seniors, etc. ;
- améliorer le capital humain, en mettant l’accent sur la formation professionnelle et l’éducation ;
- favoriser les facteurs qui encouragent la croissance et la productivité, comme les infrastructures, la compétitivité, la santé et les services publics ;
- diversifier les produits d’exportation et les débouchés extérieurs, notamment en aidant les entreprises à partir à la conquête des pays émergents.

Conclusion de la Banque d’Israël: si l’Israélien moyen travaille beaucoup mais produit peu, c’est parce qu’il manque de formation professionnelle, parce que les entreprises sont sous-équipées et parce que l’État tarde à réagir pour combler son retard d’investissements.
De ce point de vue, 2015 sera une année perdue ; le budget de l’État ne sera voté qu’au dernier trimestre de l’année.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley