lundi 22 juin 2015

Le théâtre arabe de Haïfa veut demander des subventions à l'UE


Un théâtre arabe à Haïfa envisage de faire appel à l'Union européenne pour le financement de ses productions après que le ministre de l'Éducation Naftali Bennett a annoncé que l'Etat ne subventionnera plus ses activités pour protester contre une pièce qui selon lui glorifie le terrorisme, a rapporté samedi la chaîne 2 israélienne...


Le Théâtre Al-Midan a fait les gros titres au cours des dernières semaines après que Bennett a ordonné l'arrêt de son financement en raison de la mise en scène d'une pièce basée sur la vie de Walid Daka, un Arabe israélien qui purge une peine de prison à vie pour l'assassinat du soldat de Tsahal Moshe Tamam.
La communauté artistique en Israël a également lancé une vaste protestation contre le souhait de ministre de la Culture Miri Regev de réduire les subventions de l'Etat aux institutions culturelles qui "délégitiment" l'Etat.
Miri Regev a rencontré vendredi l'acteur Norman Issa, du théâtre Jaffa, qu'elle avait menacé après son refus de jouer dans une implantation en Cisjordanie.
Regev, dans une volonté de calmer le jeu, a déclaré après leur entrevue que "la rencontre a été fructueuse et importante", a déclaré Regev. "Issa est une personne merveilleuse, je le connaissais avant très passagèrement et l'aimais alors, mais je l'aime encore plus aujourd'hui. Il est important pour moi de dire, Issa a été offensé par ce que je dit, et par le déluge de titres et médias fracas des deux dernières semaines ".
Regev a poursuivi en saluant le Théâtre Elmina, "où la coexistence est de l'ordre de l'heure."
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, Issa a décrit Regev comme une "femme chaleureuse" et a déclaré que les deux avaient "trouvé un terrain d'entente" au cours de leur conversation.
La très controversée ministre israélienne de la Culture avait causé un nouvel éclat la semaine dernière en disant ouvertement ce qu'elle pensait des artistes, un milieu "ingrat", "m'as-tu-vu" et "hypocrite", selon des propos diffusés vendredi à la radio.
"Pour qui est-ce que je travaille ? Voilà ce que je me demande. Pour une bande d'ingrats qui croient tout savoir et dont certains sont des hypocrites qui vous empoisonnent la vie", a déclaré la ministre de droite dans un entretien au magazine féminin At, qui a rendu publique la bande.
"Je savais pourquoi je ne voulais pas de ce poste. Je savais que je travaillerais pour des m'as-tu-vu", ajoute-t-elle dans la version imprimée de l'interview, parue jeudi.
Ex-général de l'armée jamais rebutée par la confrontation, ancien censeur en chef de l'armée (2004-2005) chargé de veiller à ce que les informations publiées ne remette pas en cause la sécurité d'Israël, elle est entrée en mai dans le quatrième gouvernement de Benyamin Netanyahou.
Mme Regev répète à l'envi que l'Etat ne soutiendra plus financièrement des spectacles qui attentent à sa légitimité.
"Je suis sidéré", a dit l'acteur Moshe Ivgi cité dans la presse, "elle a franchi la ligne rouge depuis longtemps".
Devant le nouveau scandale causé par ses propos, Mme Regev a publié un communiqué pour assurer qu'elle ne visait que certains artistes, qui avaient dénigré l'électorat de droite. Elle affirme sa volonté de travailler avec le monde culturel et d'augmenter le budget de la culture.
Cela n'a pas empêché l'organisation d'une manifestation vendredi lors de son arrivée à une cérémonie de remise de prix théâtraux à Tel Aviv.
Un petit groupe de protestataires, selon des vidéos de l'évènement, ont manifesté à l'initiative de l'actrice, danseuse et vidéaste arabe-israélienne Raida Alon, qui accuse le gouvernement de vouloir museler les artistes.
"Il commence à y avoir une atmosphère très inconfortable ici, une sorte de dictature dans laquelle on ne sent plus la liberté", a déclaré cette dernière. "On en arrive à un point où ils vous menacent si vous ne faites qu’exprimer une opinion".
Parmi les manifestants, qui ont hué la ministre à son arrivée, l'acteur Ishai Golan a qualifié les actions de la coalition de M. Netanyahou de "très très inquiétantes".
"La culture n'a jamais connu une période aussi dorée", écrivait avec ironie, dans un éditorial, le quotidien populaire Yedioth Ahronoth: "depuis que Miri Regev est ministre de la Culture, tout le monde s'intéresse au théâtre et au cinéma".

Source I24News