vendredi 26 juin 2015

Paracha Houkat : l’irrationalité motivante


La section de Houkat, consacrée à la vache rousse, commence par les mots (Bamidbar 19, 2) : « Ceci est le statut de la Tora ». Or, pourquoi « statut de la Tora », et non « de la vache rousse », dont ce chapitre traite des lois ? Le Midrach rapporte les paroles du roi Chelomo (Qohéleth 7, 23-24) : « Je disais : Je veux connaître la sagesse, mais elle est loin de moi ! » J’ai cherché à comprendre toute la Tora, et sur ce chapitre de la vache rousse, j’ai posé maintes questions, mais elle est loin de moi !...


Le plus sage des hommes n’a pas percé le mystère de ce statut, ce qui nous montre la juste approche que nous devons avoir des mitswoth : Il nous incombe de les pratiquer non pas quand ou parce que nous en comprenons le sens, mais parce qu’elles sont des injonctions divines. Voilà pourquoi la vache rousse constitue, par son « herméticité » – à laquelle même Chelomo s’est heurté ! – « le statut de la Tora » par excellence. Elle est une fortification face à ceux qui, à la recherche des raisons des commandements, penseraient erronément qu’ils peuvent les comprendre intégralement, ou qu’il leur suffit de mettre en pratique ce qu’ils croient en avoir saisi. La « vache rousse » est une ‘houqa, une loi irrationnelle, inaccessible à notre intellect, ce terme faisant réponse, selon Rachi, à la question de Satan et des nations du monde à Israël : « Qu’est-ce que cette mitswa, et quel sens a-t-elle ?! » Ce mot ‘houqa souligne que « c’est un décret émanant de Moi, et tu n’es nullement autorisé à le remettre en question ! »
« Les choses cachées sont à Hachem, notre Dieu, et les choses révélées sont pour nous et nos enfants, pour toujours, pour pratiquer toutes les paroles de cette Tora » (Devarim 29, 28). Même si les motifs de certains commandements nous échappent – des « choses cachées » comme la vache rousse – nous devons les accomplir, par amour pour leur Donateur et par respect pour Sa volonté. Quant à ceux dont la signification nous semble connue, et que nous avons l’impression de comprendre – les « choses révélées » – ils nous incombent tout autant, et nous devons les transmettre « à nos enfants » avec les explications que nous sommes capables d’en donner. Car il nous appartient de les saisir au mieux, pour les réaliser de la meilleure façon et les inculquer aux générations suivantes, tout en sachant que notre esprit limité ne peut appréhender aucun d’eux intégralement.
A la liste des jours où nous avons coutume de jeûner, dressée par le Choul’han ‘Aroukh (§ 590) en souvenir des malheurs subis par nos ancêtres, le Maguèn Avraham ajoute « le vendredi veille du Chabbath où est lue la section ‘Houqath, en commémoration de la tragédie qui nous a frappés, en 5004 (17 juin 1244), où vingt-quatre charriots emplis de volumes du Talmud furent brûlés en France » [place de Grève].
De nos jours où se multiplient tant les possibilités d’apprentissage du Talmud que ses publications en de nombreuses langues (dont celle en français de nos éditions Bnei Tora, destinée et accessible à tous les niveaux !) fixons des moments d’étude pour observer dûment Ses injonctions !
Selon nos Maîtres, neuf vaches rousses ont été présentées, depuis l’époque de Moché jusqu’à la destruction du deuxième Temple. La dixième le sera par le roi-messie qui, avec l’aide de Dieu, purifiera Israël de ses péchés. Prions d’y assister très bientôt, grâce à cette étude – à la compréhension et à la juste pratique des mitswoth auxquelles elle nous aura conduits !


Par le Rav Dov Roth-Lumbroso
Source Chiourim