lundi 15 juin 2015

Polémique : un budget triennal 2015-2017 pour Israël ?


Le Premier ministre Benyamin Netanyahou propose un budget qui couvrirait trois années: les effets pourraient être néfastes pour l’économie d’Israël. Le gouvernement israélien a donné le coup d’envoi de la préparation du budget 2016. En fait, ce budget ne sera adopté que vers la fin de cette année : il sera donc biennal puisqu’il couvrira l’exercice 2015 comme 2016. La polémique a été relancée par les services du Premier ministre qui ont tenté de faire approuver par les partis de la coalition gouvernementale l’idée d’un budget triennal 2015-2017...


TROU BUDGÉTAIRE : DÉSACCORDS

La nécessité de réduire les dépenses publiques en 2016 dépend de la profondeur du « trou budgétaire » prévu pour l’an prochain. Les fonctionnaires du Trésor avaient avancé le chiffre de 20 milliards de shekels, mais il semble que le trou sera plus réduit : la Banque d’Israël a calculé que le trou serait ramené à 16 milliards de shekels.
La raison principale du rétrécissement du trou budgétaire : les recettes fiscales sont plus importantes que prévues. Par ailleurs, l’inflation est plus basse, donc l’indexation des dépenses sera moins importante pour maintenir leur montant en valeur réelle.
Que le trou soit de 16 ou 20 milliards, le résultat sera le même : pour le combler, toutes les administrations publiques vont devoir se serrer la ceinture en 2016. Presque toutes, puisque la Défense restera prioritaire.

DÉPENSES : DEUX INCONNUES BUDGÉTAIRES

Actuellement, il reste donc deux grandes inconnues : le budget de la Défense et les accords de coalition qui ont permis à Benyamin Netanyahou de former son 4e gouvernement.
Côté Défense, les crédits se sont envolés depuis le début de 2015 alors qu’ils auraient dû rester au même niveau qu’en 2014.
Selon la note d’exécution du budget 2015 que vient de publier le ministère des Finances à Jérusalem, les dépenses militaires se monteront à 63 milliards de shekels en 2015 : comparés aux 51milliards inscrits dans la loi de Finances pour 2014, c’est un bond de 24% en un an seulement.
Côté accords de coalition, comme la hausse des allocations familiales ou la baisse de la TVA sur les produits alimentaires de base, la facture aussi s’annonce salée : autour de 10 milliards de shekels par an.

BUDGET TRIENNAL : RETOMBÉES NÉFASTES

Alors que le coup d’envoi de la préparation du budget 2016 a été donné, le Premier ministre a lancé une mini-bombe : il a proposé à ses partenaires de la coalition un budget triennal qui couvrirait 2015 à 2017.
Il semble que le ministre des Finances ainsi que les partis ultraorthodoxes y aient mis leur veto.
Dans les rangs de l’opposition aussi, la proposition d’un budget triennal a provoqué un tollé : certains députés ont estimé que cela «conduirait Israël à une catastrophe économique ».
Il est vrai que dans le contexte instable et imprévisible de l’économie israélienne, l’idée même d’adopter un budget pour les trois années à venir est plutôt saugrenue.
L’impossibilité de réajuster les dépenses et recettes de l’Etat pendant trois ans aurait des retombées néfastes sur l’économie d’Israël et pourrait bien conduire le pays dans une impasse financière.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley