vendredi 31 juillet 2015

Israël autorise l’alimentation de force des détenus en grève de la faim

 
Le Parlement israélien a adopté, jeudi 30 juillet, une loi autorisant l’alimentation de force des prisonniers en grève de la faim dans le cas où leur vie serait en danger. Si le texte ne mentionne pas explicitement les Palestiniens, le ministre à la sécurité intérieure, Gilad Erdan, a affirmé que « les grèves de la faim des terroristes en prison sont devenues un moyen de menacer Israël »...
 


Selon l’Association pour les droits civiques en Israël, la majorité des prisonniers en grève de la faim sont des Palestiniens maintenus en détention administrative, une disposition controversée qui permet à Israël d’incarcérer des Palestiniens sans inculpation ni jugement, pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment.
A l’été 2014, des dizaines de prisonniers avaient été hospitalisés lors d’un très vaste mouvement palestinien de grève de la faim. Un Palestinien en détention administrative et quatre autres prisonniers palestiniens incarcérés « pour des activités anti-israéliennes » sont actuellement en grève de la faim, selon les autorités pénitentiaires israéliennes.
La loi adoptée jeudi par 46 voix contre 40 (sur 120 députés au total) « crée un équilibre correct entre l’intérêt de l’Etat à préserver la vie d’un prisonnier et les droits [du détenu] ainsi que son intégrité corporelle », a estimé David Amsalem, un député du parti Likoud, le parti du premier ministre Benyamin Nétanyahou.
« La loi sera appliquée uniquement si un docteur estime que la poursuite de la grève de la faim crée un risque immédiat pour la vie du prisonnier ou des dégâts permanents à sa santé ».
L’Association médicale israélienne s’était prononcée contre l’adoption du texte et a prévenu qu’elle ordonnerait aux médecins de « ne pas nourrir les grévistes de la faim contre leur volonté ». Son avis est toutefois essentiellement consultatif. Un groupe de 10 associations a également critiqué la loi, affirmant que son seul but était de « briser mentalement et physiquement les détenus administratifs et les prisonniers exprimant leur protestation de façon non violente ».
Mardi, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Juan Mendez, et celui sur le droit à la santé, Dainius Puras, avaient demandé, dans un communiqué, à la Knesset de ne pas voter la loi.
« Nourrir par la menace, la coercition, la force ou la contrainte physique des personnes qui ont choisi la grève de la faim comme extrême recours pour protester contre leur détention est, même si l’intention est leur bien, un traitement cruel, inhumain et dégradant.La façon de mettre fin à une grève de la faim n’est pas de nourrir de force les grévistes, mais de répondre aux violations des droits de l’homme contre lesquelles ils protestent, ici la détention administrative. »
L’opposition a, elle aussi, réagi à la décision du Parlement. La Liste arabe unie, qui regroupe les principaux partis arabes à la Knesset, estime que cette loi vise à « torturer les prisonniers palestiniens » et nie leur droit « légitime » à résister.

Source Le Monde