vendredi 4 septembre 2015

Mahmoud Abbas joue ses dernières cartes

 
Mahmoud Abbas, qui a célébré cette année son 80e anniversaire, se prépare-t-il à tirer sa révérence ? Depuis que le président de l’Autorité palestinienne a annoncé, le 22 août dernier, sa démission du poste de président du comité exécutif de l’OLP, les rumeurs vont bon train. Ses proches voient dans cette décision, la volonté d’insuffler du « sang neuf » au leadership palestinien, selon les termes employés par Mohammad Shtayyeh, un dirigeant du Fatah, parti dont Abbas est l’un des membres fondateurs...


 
Ses détracteurs dénoncent pour leur part une énième manœuvre du président palestinien visant à renforcer son emprise et à éliminer ses rivaux politiques. A l’instar de Yasser Abed Rabbo, le numéro deux de l’OLP et secrétaire général du mouvement, limogé début juillet par Abbas, après en avoir souvent critiqué la politique et le style.
A Ramallah, on espère en tout cas que la convocation à la mi-septembre du Conseil national palestinien (parlement de l’OLP) – qui ne s’est pas réuni depuis vingt ans – permettra d’y voir plus clair. Pour l’heure, Mahmoud Abbas a fait savoir qu’il ne se représenterait pas à la direction de l’OLP. Mais rien ne l’empêcherait in fine de rester aux manettes si on lui en faisait la demande.
Une chose est sûre : usé par dix ans de pouvoir, le président de l’Autorité palestinienne joue ses dernières cartes. Le dirigeant, qui a annoncé à maintes reprises son intention de quitter l’arène politique, peine à assurer sa succession sur fond de luttes de pouvoir.
D’autant que son bilan reste contesté. Comme le rappelle le politologue Khalil Shikaki, Abbas a déçu son peuple en matière de lutte contre la corruption. On lui reproche aussi d’avoir échoué à réunifier la Judée-Samarie et Gaza. Du coup, 16 % seulement de l’opinion publique palestinienne lui accorde sa confiance, révèle un sondage publié, le 1er septembre, par le Jerusalem Media and Communication Center.
Certes, à en croire ce sondage réalisé du 19 au 23 août, auprès de 749 habitants de Judée-Samarie et de Gaza, ses adversaires ne font guère mieux, qu’il s’agisse du leader du Hamas Ismail Haniyeh (12,5 %), de Marwan Barghouti (7,1 %), une figure influente du Fatah incarcérée pour meurtre et terrorisme en Israël, ou de l’ex-leader du Fatah à Gaza Mohammed Dahlan (3,2 %). A telle enseigne que, en cas d’élections, « aucun successeur ne s’imposerait de manière évidente à la présidence de l’Autorité palestinienne », pointent les sondeurs. De quoi inciter Abbas à jouer les prolongations.


Nathalie Hamou


Source Les Echos