mardi 1 septembre 2015

Transdev descend pour de bon du tram de Jérusalem


Après une première tentative contrariée en 2010, Transdev est parvenu à solder cet été sa participation dans la concession du tram de Jérusalem. L'opérateur français assurait, depuis 2005, l'exploitation de cette ligne au tracé controversé qui s'est révélée risquée en termes d'image pour le groupe et sa maison mère Veolia...



Cette fois, c'est la bonne. Transdev est définitivement descendu du tram de Jérusalem situé dans une zone géopolitique d'une complexité inouïe. Le groupe a conclu, le 6 août 2015, la vente de sa part de 5% dans le consortium CityPass qui gère pour trente ans la concession de construction et exploitation du tramway. Il a également cédé les rênes de la société d'exploitation Connex Jérusalem à travers laquelle le groupe assurait entièrement la marche du tram au quotidien.
C'est ce qu'a confirmé à l'AFP, le 30 août 2015, Richard Dujardin, membre du comité exécutif de Transdev, après que le site Whoprofits, qui répertorie les investissements liés, selon lui, à la colonisation des territoires palestiniens, a rendu compte de l'opération.


Une opération à 22 millions d'euros

Les acquéreurs des 5 % sont les trois actionnaires israéliens du concessionnaire CityPass, le groupe de BTP Ashtrom, le Fonds israélien pour les infrastructures, et les assurances Harel. Selon le journal israélien The Marker, Transdev se serait vue racheter la société d'exploitation 100 millions de shekels israéliens, soit environ 22 millions d'euros.
Transdev, filiale de Veolia et de la Caisse des dépôts, gérait l'exploitation du tramway depuis 2011. Le consortium auquel appartenait l'opérateur (5%) avec un autre français, Alstom (20%) avait décroché le marché en 2005. A l’époque, Stéphane Richard qui dirigeait Veolia Transport, ancêtre de l'actuel Transdev, voyait dans ce contrat un défi excitant à relever.

Un tracé controversé

Mais pour l’opérateur français, la gestion de ce tram s'est révélée un nid de problèmes et d’abord une mauvaise affaire en termes d'image. L'implication de l'entreprise et de sa maison mère de l'époque Veolia dans cette ligne de tram au parcours controversé risquait potentiellement de lui fermer certains marchés dans le monde arabe. Cette dernière a ainsi fait l'objet de pressions de la part de groupes pro-palestiniens.
Présenté par ses promoteurs comme un facteur de paix entre communautés, certains voient au contraire dans ce tramway un symbole de l'occupation israélienne de Jérusalem-Est. En 2008, un groupe pro-palestinien avait assigné devant la justice française Alstom et Veolia, en arguant que son tracé dans la partie arabe de la ville, annexée par Israël en 1967, violait le droit international.


Un retrait décidé dès 2010 
Aussi en 2010, le directeur général de Veolia Transdev, Cyril du Peloux avait pris la décision de mettre fin à l’aventure et de revendre les parts dans CityPass au groupe israélien Egged Holding Limited.
Mais en 2012, l'autorité des transports publics de Jérusalem avait bloqué cette cession, jugeant que l'acquéreur pressenti n'avait pas l'expérience suffisante. Comme aucun opérateur international ne s'est risqué à prendre la place de Transdev, la solution d'une reprise par les actionnaires a été privilégiée.
Ce retrait du tram d'Israël correspond par ailleurs à la stratégie du PDG de Transdev Jean-Marc Janaillac de se désengager des pays qui ne sont pas stratégiques.


Marc Fressoz
Source Mobilicites