mardi 29 décembre 2015

2015, une année en dents-de-scie pour l’économie d’Israël


2015 sera une année que les Israéliens préfèreront oublier: la croissance patine et les réformes économiques tardent à se mettre en place. L’évènement marquant de 2015 aura été la tenue d’élections anticipées le 17 mars. Si ces législatives ont d’abord été un évènement politique, elles auront eu aussi d’importantes retombées économiques...


Le changement de coalition qui s’en est suivi a conduit au report du vote du budget 2015 jusqu’au 19 novembre : à défaut d’un budget mis-à-jour, le gouvernement israélien s’est trouvé paralysé, se contentant de gérer en « pilotage automatique » l’économie et les finances publiques. Sans compter la tension sécuritaire qui, vers la fin de l’année, a aussi contribué à la baisse du moral des ménages et investisseurs.

IMMOBILISME ÉCONOMIQUE

Dans l’impossibilité d’engager de nouvelles dépenses ou de lancer de nouvelles réformes, le gouvernement s’est contenté de gérer les affaires courantes. Les Israéliens ont même craint le pire : chaque décision économique importante menaçait de faire chuter la coalition. Depuis l’accord sur l’exploitation gazière et jusqu’à la réforme du logement ou de la fiscalité, l’étroite majorité parlementaire a imposé ses règles au gouvernement : la survie de la coalition est devenue un objectif plus important que la réalisation des promesses électorales.
Autrement dit, 2015 s’est traduit par un immobilisme qui s’est répercuté sur les performances de l’économie du pays. Malgré le contexte défavorable, l’économie israélienne a fait preuve d’une bonne capacité de résistance : la croissance s’est stabilisée à un bon niveau, le chômage est resté très bas et les prix à la consommation sont descendus… à tel point que l’on peut craindre une déflation pour 2016.

UNE CROISSANCE RALENTIE

Il n’empêche que l’économie du pays reste très en-dessous de son potentiel de croissance ; certains observateurs considèreront même 2015 comme une « année perdue » pour l’économie israélienne. Car si l’année a démarré en trombe par des législatives, elle s’est prolongée par une longue période d’incertitude : le consommateur a préféré remettre ses achats à plus tard, et les industriels ont repoussé leurs investissements.
Résultat de l’incertitude ambiante : la croissance israélienne aura connu des hauts et des bas tout au long de l’année écoulée. Après avoir démarré au rythme de 2% au premier trimestre, la croissance du PIB a subi un coup de frein au deuxième trimestre pour retomber à 0,2%. L’activité a ensuite rebondi avec une progression du PIB de 2,5% au troisième trimestre.
Sur toute l’année 2015, le taux de croissance de l’économie israélienne devrait se situer autour de 2,4% ; c’est-à-dire en dessous de l’objectif du gouvernement et de la Banque d’Israël. 2014 avait fait mieux (3% de croissance), malgré un environnement particulièrement défavorable comme la guerre à Gaza, le ralentissement mondial et un shekel trop fort.

DES RÉFORMES INACHEVÉES

C’est aussi dans la mise en œuvre des réformes promises que 2015 aura été une année en dents de scie. Les grandes réformes proposées par le gouvernement en vue de réduire le coût de la vie n’ont pas encore abouti : il s’agit notamment des secteurs de l’agroalimentaire, de la banque et des télécoms, dans lesquels la baisse des tarifs reste lente.
De même, les grandes réformes promises par le gouvernement israélien pour réduire le prix de l’immobilier n’ont pas été réalisées : la TVA sur le logement n’a pas été supprimée, la construction massive de logements locatifs n’est restée qu’une vague promesse, et le programme de logements vendus à un prix maximum (dit prix-cible) vient seulement de démarrer. D’autres mesures, qui auraient pu atténuer la crise du logement, comme un impôt sur les logements reçus en héritage ou l’augmentation des terrains à construire, tardent à se concrétiser.
La même incertitude a plané durant toute l’année 2015 quant à l’exploitation du gaz ; si un accord-cadre vient d’être adopté après de longs mois d’atermoiement, de nombreuses zones d’ombre persistent. Sans compter que la découverte d’un immense gisement en Égypte a brouillé les cartes : la rentabilité de l’exploitation gazière en Israël, dont une grande partie était destinée à l’exportation, est désormais remise en cause. Seule la Turquie pourrait sauver le gaz israélien, mais le prix politique à payer sera cher.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley