dimanche 7 février 2016

Braïtou-Sala (1885-1972) :L’élégance d’un monde en péril




Né à La Goulette, Albert Braïtou-Sala (1885-1972) quitte sa Tunisie natale pour Paris en 1901. Élève, à l’Académie Julian, d’Adolphe Déchenaud, d’Henri Royer et de Paul-Albert Laurens, il remporte en 1916 le prix du portrait et s’impose, dans ce genre, comme l’un des plus grands spécialistes de l’entre-deux-guerres...



Exposant au Salon des Artistes Français à partir de 1913, il y obtient la médaille d’argent en 1920 ; les oeuvres, et notamment les portraits, qu’il envoie chaque année par la suite, sont très appréciées et remarquées par la presse du temps, notamment par L’Illustration qui offre au peintre à maintes reprises sa couverture.


Albert Braïtou-Sala, La Vénus verte, 1929    Huile sur toile. Collection particulière.
 
 
De 1919 à 1939, célèbre dans le Tout Paris mais aussi dans certaines capitales étrangères, Albert Braïtou-Sala signe plusieurs centaines de portraits mondains et organise dans son atelier, à l’occasion de leur vernissage, d’importantes réceptions. Grâce à l’entremise, dès 1919, de son ami Alex Johanides, archiviste à la Comédie-Française, sa clientèle compte très tôt quelques-unes des plus grandes actrices de l’époque (parmi lesquelles Renée Corciade, Jane Faber, Cléo de Mérode ou Renée Falconetti) mais aussi la cantatrice de l’Opéra de Paris Marthe Chenal, ainsi que plusieurs figures de la haute société parisienne et bientôt américaine.


Jeune femme assise et ses chiens


En 1936, 1937, 1938 et 1939, c’est aux côtés de Picasso, Dufy, Braque, Chagall, Matisse, Derain ou Gromaire, qu’il représente la France à l’Exposition Internationale qui se tient au Carnegie Institute de Pittsburgh. Profondément meurtri par la disparition d’une grande partie de sa famille dans les camps de concentration nazis, Albert Braïtou-Sala quitte Paris pour le Sud-Est de la France au début des années 1960 et meurt en 1972 en Arles dans un relatif oubli.


Madame Elena Olmazu. Huile sur toile. Collection particulière


Associant aux rares toiles aujourd’hui en collections publiques (à Riom, Bordeaux, Beauvais et Boulogne-Billancourt) d’importantes œuvres demeurées en mains privées, l’exposition organisée à Roubaix (autour de la très sensible image de l’Enfant aux bretelles offerte par Françoise Sala en 2011) fait la part belle aux grands portraits mondains qui firent le renom de l’artiste dans le Paris des Années Folles. Compositions très élégantes, saisissantes par la traduction virtuose des effets de matières et des jeux de lumière sur les étoffes des toilettes et les bijoux.


L'enfant aux bretelles, 1937
L’enfant aux bretelles, 1937

Elle évoque aussi les œuvres conçues dans l’intimité familiale, autoportraits et études de têtes d’enfants notamment, ainsi que les étonnantes relectures de thèmes bibliques ou mythologiques entreprises dès les années 1920 et réinvesties après guerre. Privilégiant des sujets susceptibles de mettre en exergue la beauté et la sensualité de la nudité féminine, le peintre attribue avec malice des canons et des coiffures très contemporains à ses Léda, Suzanne, Amphitrite ou Danaé, et transpose leurs aventures dans des environnements explicitement datés (parcs de châteaux à la française ou atelier du peintre notamment).


Commissariat:
Alice Massé et Amandine Delcourt
Catalogue édité à l’occasion de l’exposition.
http://www.roubaix-lapiscine.com/expositions/a-venir/albert-braitou-sala-1885-1972/


Source Tribune Juive