dimanche 7 février 2016

Une créatrice israélienne scandalise en "érotisant" le keffieh palestinien


 
Longues robes ou mini-jupes, tissu à froufrous ou à dentelles : la créatrice de mode israélienne Dorit Baror a utilisé et décliné sous diverses formes les motifs du keffieh pour sa nouvelle collection de prêt-à-porter féminin. Certains Arabes, dont des Palestiniens, dénoncent une appropriation honteuse de ce foulard devenu symbole de l’opposition palestinienne à Israël...



 C’est une photographe jordanienne, Tanya Habjouqa, qui a posté le 28 janvier sur son compte Facebook une photo d’une des boutiques de Dorit Baror dans un centre commercial de Tel-Aviv. La boutique semble proposer quasi uniquement la collection de vêtements féminins dérivés du keffieh, qui coutent "au minimum 150 dollars" [134 euros], selon Tanya Habjouqa.
Sur le site de la créatrice Dorit Baror, par ailleurs designer et actrice qui possède des enseignes dans 17 pays, des photos montrent un mannequin portant les vêtements. Elle adopte parfois des poses lascives et dénudées, apparaît dos nu ou laisse entrevoir un sein de profil.
De quoi susciter la colère de certains internautes arabes, dont des palestiniens : "notre symbole de résistance est érotisé par les créateurs de mode israéliens !" s’insurge sur Facebook Mohammed Matter, de l’ONG Gaza Youth Cultural Center. "C’est comme les colons blancs en Amérique du nord, qui se sont saisis de la mythologie des Indiens d’Amérique et ont essayé de l’intégrer à leur culture" considère un internaute, en commentaire de l’article du site Mondoweiss, qui relaie l’affaire. "C’est de l’appropriation culturelle à l’extrême […] il n’y a même pas un panneau expliquant d’où vient l’étoffe" estime Tanya Habjouqua en présentation de sa photo.



Le keffieh utilisé dans le milieu de la  mode depuis 2014


Pourtant, Dorit Baror n’est pas la première créatrice de mode à se servir du keffieh pour ses créations. En 2015, lors de la Fashion week de Tel-Aviv, le designer israélien Ori Minkowski avait fait défiler des mannequins portant des robes dérivées du foulard traditionnel, ce qu’il avait présenté comme un symbole de coexsitence entre Israéliens et Palestiniens. Son choix n’avait pas crée de polémique. Par ailleurs, une créatrice jordanienne, Ghada Zada, a elle aussi utilisé le keffieh pour ses créations, sans choquer. Ses photos n’ont toutefois pas de connotation érotique.
En 2014, Zara avait par contre subi de sévères critiques après avoir proposé un minishort inspiré du keffieh, un article que la chaîne espagnole de prêt-à-porter avait finalement retiré de sa collection d’été.


 
 




Source France 24