mardi 29 mars 2016

Fusako Shigenobu, le visage d'ange du terrorisme japonais...




Elle aurait pu être idole, chanteuse ou actrice, mais Fusako Shigenobu a choisi une toute autre voie. Les événements tragiques de Paris en novembre 2015 et de Bruxelles en mars 2016 nous rappellent que le terrorisme fait d'attaques suicide, de bombes et d'assassinats est redevenu une réalité quotidienne pour l'Europe...






Depuis la fin des années 60, les aéroports ont souvent été une cible de choix des terroristes. Rome et Vienne en 1985, Moscou en 2011, Bruxelles en 2015, etc.

Attentat de Tel Aviv (aeroport Ben Gurion)


L'un des pires attentats perpétrés dans un aéroport n'est pourtant pas "l'oeuvre" d'une mouvance islamiste. Le 30 mai 1972, l'aéroport de Lod à Tel-Aviv (Israël) a vu trois assaillants tuer froidement 26 personnes au fusil d'assaut et à la grenade. Ces trois terroristes faisaient partie de l'Armée Rouge Japonaise (日本赤軍, Nihon Sekigun), un groupe armé d'extrême gauche fondé un peu plus tôt par Fusako Shigenobu.


Le groupe n'a jamais compté plus de quarante membres et une centaine de sympathisants à son apogée, ce qui ne l'empêchait pas d'être l'un des groupes terroristes les plus craints dans le monde. Les objectifs de l'Armée rouge japonaise (ou JRA selon l'acronyme international) étaient de renverser le gouvernement japonais et sa monarchie parlementaire, et de commencer une révolution mondiale. 


La JRA avait des liens étroits avec le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Dans les années 1980, la JRA n'était plus active au Japon et était presque entièrement dépendante du FPLP pour son financement, son entraînement et son armement.



Fusako Shigenobu est née le 28 septembre 1945, dans un Japon en ruine et sous tutelle américaine. Elle est le troisième enfant d'une famille qui en compte quatre : deux garçons et deux filles. Ses parents, des commerçants de Tokyo, font face à des fins de mois difficiles. Son enfance dans un pays humilié par la défaite militaire et l'idéologie fasciste revendiquée par son père vont forger sa vision politique du monde. 


Engagée très tôt dans des organisations d'étudiants, elle est séduite par l'idéologie communiste et, au début des années 1960, rejoint la contestation étudiante qui fait rage sur les campus universitaires du Japon. À la fin des années 1960, elle se radicalise et intègre un mouvement d'extrême gauche qui prône la lutte armée : la Fraction armée rouge. En février 1971, elle quitte le Japon et s'installe au Liban où elle est accueillie par Georges Habache, fondateur du FPLP. Au Liban, Fusako Shigenobu aide les habitants des camps de réfugiés palestiniens et assiste aux entraînements du FPLP. Début 1972, après l'anéantissement de l'Armée rouge unifiée par la police japonaise, elle devient l'unique leader du groupuscule gauchiste et fonde l'Armée rouge japonaise.


D'abord alliée aux Palestiniens puis, à partir de 1982, à la Libye et, à partir de 1988, à la Syrie, elle organise des attentats meurtriers, des prises d’otages et des détournements d’avions sur tous les continents.
En 2000, après près de trois décennies passées au sein de la mouvance terroriste du Moyen-Orient, Fusako Shigenobu rentre clandestinement au Japon. Elle est arrêtée à Osaka le 8 novembre 2000 près de l'hôtel Takatsuki Kyoto où elle loge depuis son retour au Japon sous son faux nom, en juillet 2000. En avril 2001, de sa cellule de prison, elle proclame la dissolution de l'Armée rouge japonaise.


Le 30 mai de la même année, l'Armée rouge japonaise confirme sa dissolution dans son annuelle déclaration du 30 mai commémorant le massacre de l'aéroport de Lod de 1972.
Cependant, tout en regrettant la violence mise en œuvre pour servir son idéal révolutionnaire, elle ne renonce pas à poursuivre son combat par des actions politiques dans le cadre légal.
Le 23 février 2006, Shigenobu, inculpée pour enlèvements et tentative de meurtre, est condamnée à 20 ans de prison pour la prise d'otages à l'ambassade de France à La Haye en 1974.



Le ministère public du tribunal de Tokyo avait requis l'emprisonnement à vie.
En juillet 2010, son recours devant la Cour Suprême est rejeté ; sa condamnation à 20 ans de prison est donc définitive.

Source Dozo Domo