mercredi 16 mars 2016

Jeane Manson en toute compli­cité avec ses filles...



Jeane Manson, la plus fran­co­phile des chan­teuses améri­caines, nous entraîne sous le soleil de Tel-Aviv, chez ses filles, Shirel et Marianne. On dirait trois sœurs. Une blonde, une brune, une châtain. Même visage, mêmes pommettes, même silhouette. Pulpeuses, fémi­nis­simes, de celles qui sont douées pour croquer la vie....




Il faut les voir dans les rues de Tel-Aviv, complices, heureuses d’être ensemble, profi­tant de chaque instant comme on se gave de soleil. Ce n’est pas si souvent que leur trio est réuni. Si Shirel la brune et Marianne la châtaine vivent en Israël, Jeane Manson, leur blonde mère, a posé ses basques en Espagne en 2012, après trente-huit années passées en France. L’avion et Skype soudent leurs liens avec régu­la­rité, mais rien ne vaut ces moments d’in­ti­mité fami­liale. Surtout ces jours-ci.
Avec la sortie de son vingt-septième album, Amour, le 14 mars, Jeane célèbre un événe­ment impor­tant: ses quarante ans de chan­son. Déjà! Quatre décen­nies se sont écou­lées depuis son célèbre Avant de nous dire adieu… Quatre décen­nies de succès, de hauts, de bas, de liai­sons brûlantes, de passion pour les animaux, de végé­ta­risme, de spiri­tua­lité et… de mater­nité.
« Elles sont belles, mes filles! », nous lance Jeane, de sa voix grave à l’ac­cent améri­cain recon­nais­sable entre mille. Le ton se veut guille­ret, l’émo­tion affleure. « Quand je vois ce qu’elles sont deve­nues, ces femmes pleines de talent, de force, de mora­lité, qui donnent corps et âme à leur passion, oui, je suis fière. » Et de nous les présen­ter à nouveau.
Shirel, trente-sept ans, née de sa brève union avec le produc­teur de cinéma franco-israé­lien André Djaoui, partie  vivre en Israël à l’âge de dix-huit ans. Celle qui fut l’Es­ma­ralda de la comé­die musi­cale Notre-Dame de Paris sort un nouvel album de sept titres, inti­tulé tout simple­ment 7.
Maman l’a conviée pour deux duos dans son album anni­ver­saire. Marianne, vingt-sept ans, fille d’Al­lain Bougrain-Dubourg aurait aussi, aux dires des deux autres, une superbe voix. Mais elle a opté pour la produc­tion télé, débu­tant sa carrière à Paris, avant qu’un poste lui soit offert par la chaîne i24news… à Tel-Aviv. Maman venait de quit­ter la France, écœu­rée, empê­trée dans une sordide histoire d’im­pôts – « et pour­tant je n’ai jamais voulu truan­der! », assure Jeane. Papa adoré, lui, parcourt le monde pour servir la cause animale. Alors, pourquoi ne pas se rappro­cher de sa sœur et de ses neveux, les enfants de Shirel, Liam, huit ans et Luna Jeane, cinq ans?
Non seule­ment Marianne s’est instal­lée près de son aînée, mais les voilà chro­niqueuses dans la même émis­sion. L’une y parle de musique – et non, ce n’est pas Shirel, mais Marianne! L’autre, de déco – Shirel, dont le père a une société de déco­ra­tion inté­rieure à Tel-Aviv. Jeane ne résiste pas à la tenta­tion de nous montrer un extrait de leur émis­sion sur le plateau d’i24news.
Cocasse en effet, les deux se renvoyant la balle  d’un: « Et vous, Marianne Bougrain-Dubourg, qu’en pensez-vous? » « Eh bien, Shirel, je vous dirai… »
Amusant comme la vie parfois offre de jolis dénoue­ments. Il aura fallu un peu de temps, bien sûr.
De la matu­rité, de part et d’autre, pour que les incom­pré­hen­sions s’éloignent. « Depuis que j’ai lu la biogra­phie de maman, Une Améri­caine à Paris (éd. du Rocher), tout s’est apaisé, nous confie Shirel qui a surtout été élevée par son père. J’ai pris la juste mesure de ce que furent ses diffi­cul­tés de femme et de chan­teuse.
Quand on est enfant, on a envie d’être dans les normes, on souffre d’être diffé­rent. Aujourd’­hui, j’ac­cepte cette diffé­rence, j’en mesure même la richesse. Ma mère est une femme extra­or­di­naire. Et une grand-mère merveilleuse pour mes enfants ! Quant à ma sœur, nous sommes deve­nues insé­pa­rables. »
Shirel parle hébreu, Marianne, qui n’est pas de confes­sion juive, l’ap­prend, et Jeane, notre chan­teuse de gospel, tout ce qu’il y a de plus goy mais férue de spiri­tua­lité, suit elle aussi des cours via Inter­net.
Union de cœurs et des esprits depuis l’ex-cloître du village médié­val de Pera­lada, en Cata­logne, où Jeane s’est instal­lée.
Elle vit dans ce qui fut la maison de la mère supé­rieure, ça ne s’in­vente pas. Elle y a même ouvert une boutique où sont vendus ses disques d’or, ses tenues de scène, ses souve­nirs.
Fi de la nostal­gie, seuls comptent l’ave­nir, ses filles, ses projets de chan­sons et de tour­née, les balades à cheval, le coup de fil quoti­dien à sa maman, Chris Stevens, quatre-vingt-dix ans – "Maman est une artiste, elle a une voix extra­or­di­naire, elle chante toujours dans son groupe The Hottsi Totsis aux Etats-Unis…" Ceci explique cela.
Trois géné­ra­tions reliées par le chant. Et, cela ne fait plus de doute, par l’amour.
Source Gala