mercredi 30 mars 2016

Un artificier de Daech parmi les réfugiés ?





Une note de la police belge révèle la possible présence en Europe d’un mercenaire spécialiste en explosifs, venu se mettre au service de Daech avant les attentats du 13 novembre. Un ou plusieurs artificiers spécialisés dans la fabrique d’explosifs artisanaux de type TATP seraient arrivés en Europe pour le compte de Daech depuis l’été dernier, profitant du flux de réfugiés syriens pour se glisser à travers les frontières, selon une note du renseignement belge qu’a pu consulter Paris Match.....


 

Le document indique que la police fédérale judiciaire a ouvert une enquête sur la présence en Belgique d’un dénommé Ahmad al-Amin, qui serait arrivé en Europe « en profitant du réseau de passage syrien par la Libye. » Datée du 3 novembre 2015, la note souligne en outre que les services de renseignement européens se doutaient dès l’automne dernier que des agents de Daech puissent se glisser parmi les réfugiés, avant même que la trajectoire de certains des kamikazes du 13 novembre ne confirme cette thèse.


Proche de Bilal Darar Badr


Selon les informateurs des services de renseignement belges, Ahmad al-Amin est un Palestinien issu du camp de réfugiés de Ain El-Helweh, près de Sidon, au sud du Liban.
Il est décrit dans la note de police comme un des principaux collaborateurs de Bilal Darar Badr, « expert en explosifs ainsi que responsable de plusieurs attentats et assassinats ».
Badr est effectivement connu au Liban, où il a longtemps été l’une des figures montantes du FPLP-CG (Front Populaire de Libération de la Palestine - Commandement Général), un des mouvements de libération palestiniens qui régentent la vie dans les camps de réfugiés du Liban.
En rupture avec son groupe, d’origine gauchiste nationaliste et proche de Damas, Badr est suspecté d’avoir basculé dans l’islamisme radical en 2012. Accusé de vouloir inciter à la guerre civile contre les chiites (qui représentent un tiers de la population libanaise), il a d’ailleurs fini par être officiellement radié du FPLP. Selon plusieurs analystes, Badr est alors parti en Syrie combattre la dictature de Bachar El Assad, avant de finalement rallier le califat autoproclamé de l’EI.


Ahmad "présent en Belgique pour son travail"


Ahmad al-Amin, l’homme mentionné dans la fiche de renseignement comme étant arrivé en Belgique au cours de l’été 2015, n’est pas autrement connu. Il est décrit comme « un expert en explosifs (qui) aurait préparé plusieurs attentats » avec Bilal Badr. Jointe par Paris Match, la police fédérale Belge ne souhaitait pas commenter son dossier. A Paris, le ministère de l’Intérieur indiquait n’avoir pas de commentaire.
Sa présence suspectée en Europe, comme celle d’éventuels complices, pourrait répondre aux interrogations que se posent plusieurs services de renseignement quant à la fabrication des bombes employés lors des attentats de Paris et Bruxelles.
Synthétiser du TAPT en grosses quantités requiert en effet des compétences techniques qui semblent étonnantes pour les recrues de Daech, le plus souvent des jeunes malfrats sans notions de chimie ni diplôme universitaire avant de basculer dans le radicalisme armé.
Surnommé « la mère de Satan » pour ses caractéristiques instables et particulièrement dangereuses, le TATP (ou peroxyde d’acétone) a notoirement été maîtrisé par divers groupes palestiniens, à commencer par le Hamas lors de sa vague d’attentats contre Israël dans les années 90.
A l’aéroport de Zaventem, le 22 mars, l’explosif était employé dans des quantités telles que le plafond du hall des départs a, un temps, semblé en risque de s’effondrer.
Et lors d’un raid dans le quartier de Schaerbeek dans l’appartement de Najim Laachraoui - perçu comme un artificier mais qui s’est fait exploser dans l’attentat de l’aéroport – les policiers ont découvert rien moins que 15 Kg de TATP prêts à l’usage, ainsi que 150 litres d’acétone révélant des plans de production ultérieure.
Une production d’un volume si conséquent qu’elle soulève la question des compétences techniques autour du jeune Laachraoui. D’où l’intérêt de la piste que soulève la fiche de renseignement de la police belge sur Ahmad al-Amin, spécialiste des explosifs.
Selon la note, il « serait présent en Belgique "pour son travail" ».


Source Paris Match