mardi 3 mai 2016

La ministre de la Justice veut appliquer la loi israélienne à la Judée-Samarie





Deux ministres du parti Foyer juif (nationaliste sioniste-religieux) du gouvernement de Benyamin Netanyahou se sont dits favorables à l'application de la loi israélienne en Judée-Samarie, ce qui, selon l'opposition, reviendrait à une annexion des deux tiers du territoire actuellement sous contrôle palestinien...







"Mon objectif est que d'ici un an, les lois votées par la Knesset (Parlement) s'appliquent à la Judée-Samarie", a affirmé la ministre de la Justice Ayelet Shaked, membre du parti présidé par Naftali Bennett lors d'une réunion publique dimanche. Environ 400.000 Israéliens vivent dans des implantations en Judée-Samarie qui sont actuellement gouvernées par les règles édictées par le commandement militaire.
Le ministre de l'Education Naftali Bennett, dont le parti attire une bonne partie du vote des habitants des implantations a expliqué lundi sur la radio publique qu'il s'agissait de mettre fin à une "anomalie".
"Il n'y a pas de raison qu'une Israélienne habitant une implantation puisse être licenciée parce qu'elle est enceinte alors que c'est illégal à Tel-Aviv", a-t-il argumenté.
Le projet s'appliquerait à la zone "C", les 60% de la Judée-Samarie placés entièrement sous le contrôle de l'armée israélienne et où se trouvent les grandes villes, a-t-il précisé. Environ 150.000 des 2,5 millions de Palestiniens de Cisjordanie vivent en zone C, où la construction et l'aménagement échappent totalement à l'Autorité palestinienne.
M. Bennett a toutefois reconnu que la loi israélienne était déjà appliquée de facto "depuis des années" dans les implantations et que "la proposition d'Ayelet Shaked visait à une mise en ordre technique pour que les lois soient appliquées de façon plus efficace et plus rapide".
Le député Yaakov Peri (Yesh Atid, centre laîc - opposition) a dénoncé une "annexion en sous-main" et le quotidien Yedioth Ahronoth une "annexion par la porte de derrière".
La députée Tzipi Livni (Camp sioniste -centre gauche, opposition) a évoqué lundi le ptojet de la ministre Ayelet Shaked, estimant qe cela reviendrait à la création d'un Etat binational avec une majorité palestinienne à la Knesset.
"Sous couvert du slogan pas de partenaire et d'une politique sans issue, le gouvernement de droite commence tout tranquillement à appliquer son processus d'annexion conformément à son idéologie. Cela semble peut-être encore lointain et il est évident que le gouvernement n'en veut pas, mais  son résultat final est l'effondrement de l'idée de deux pays, deux systèmes judiciaires pour un Etat, pression et dégâts internationaux énormes et, en prime, aussi 2,5 millions de Palestiniens avec droit de vote et majorité à la Knesset", a déclaré l'ancienne ministre de la Justice.
"La menace pour l'Etat juif n'est moins dangereux que l'Iran. Une partie d'entre nous sont à sa tête, d'autres s'en satisfont. Et à nous de poursuivre notre combat en faveur d'un Etat juif et démocratique", a conclu Tzipi Livni. 
Les propos de Mme Shaked faisaient les titres de la presse palestinienne lundi. Le quotidien Al-Hayat al-Jadida évoquait une "bombe politique" et un "projet prévoyant d'intégrer la Judée-Samarie à Israël".
Pour la presse palestinienne, "les partisans de ce projet veulent à terme annexer tous les territoires occupés depuis 1967" et ont choisi le moment où les Etats-Unis sont en campagne électorale et où une initiative de paix française est confrontée à ce que les journaux palestiniens présentent comme un rejet israélien.
Un projet de loi similaire présenté il y a un an et demi par deux députés de droite sous le précédent gouvernement Netanyahou avait été rejeté après un avis défavorable du conseiller juridique du gouvernement.


Source I24News