dimanche 1 mai 2016

Rapport inquiétant sur le vieillissement du réacteur nucléaire de Dimona




Un nouveau rapport révélant plus de 1.500 défauts sur le coeur du principal et vieillissant réacteur israélien a provoqué l’inquiétude et soulevé des interrogations sur les limites de « l’ambiguïté nucléaire » pratiquée par Israël quant à ses activités atomiques civiles et militaires. Le coeur du réacteur de Dimona, dédié officiellement à la recherche nucléaire et vieux de plus de 50 ans, accuse 1.537 défauts, dévoilait mardi le quotidien Haaretz...







Telles sont les conclusions d’un examen, rendues publiques lors d’un récent forum scientifique à Tel-Aviv, de l’installation à l’aide de techniques innovantes aux ultrason, écrivait le journal.
La question du vieillissement du réacteur, livré par la France à la fin des années 50 et entré en service en 1963, est posée depuis des années. La durée de vie théorique de tels réacteurs est de 40 ans.
La commission de l’énergie atomique n’a pas démenti les conclusions, tout en laissant entendre qu’il n’y avait pas de risque de fuite radioactive et de contamination de l’environnement ou de la population dans le désert du Néguev (sud) où se trouve le réacteur.
« Le niveau de sécurité respecte les normes internationales les plus strictes », a dit un porte-parole.
Même dans la période de la Pâque juive où Israël est à l’arrêt, les informations du Haaretz ont suscité des appels à la fermeture du réacteur. Des députés d’opposition ont réclamé une réunion parlementaire d’urgence.
« On ne peut pas attendre qu’un désastre se produise », a écrit Michal Rozin, députée du parti de gauche Meretz. Comme d’autres, elle s’alarme de l’opacité entourant le site soumis à aucune inspection indépendante.


‘Enorme dilemme’


Outre les inquiétudes quant à la sécurité des équipements, les anomalies, dont on ignore la nature, ont généré tout un questionnement: faut-il remplacer le réacteur de Dimona ?
Israël en est-il capable sans participation internationale ?
Non-signataire du Traité de non-prolifération, comment pourrait-il faire appel à l’aide étrangère tout en persistant dans sa politique « d’ambiguïté nucléaire » consistant à ne confirmer ni démentir qu’il détient la bombe atomique ?
« L’heure de vérité approche pour la politique nucléaire israélienne », a résumé dans le quotidien Maariv Yossi Melman, journaliste respecté sur les questions de sécurité. Israël devra résoudre à l’avenir un « énorme dilemme en ce qui concerne sa vieille stratégie de dissuasion », dit-il.
Les estimations varient selon les sources, mais Israël possèderait 115 bombes nucléaires, estimait récemment l’Institut pour la science et la sécurité internationale basé aux Etats-Unis.
La dissuasion nucléaire est un élément central de la stratégie d’Israël dans une région hostile. Israël fait tout son possible pour empêcher que d’autres puissances régionales, à commencer par l’Iran, se dote de l’arme atomique.
Dimona a servi à produire le plutonium et l’uranium pouvant entrer dans la fabrication de la bombe, selon des informations venues de l’étranger. Dans les années 80, Mordehaï Vanunu, un ancien technicien qui travaillait à Dimona, avait affirmé que la plus grande partie de l’arsenal nucléaire israélien avait été développé à Dimona.


Durée de vie extensible


Membre de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA, organisation de promotion de l’énergie nucléaire et de lutte contre la prolifération), Israël adhère à certaines de ses conventions, comme celle sur la notification précoce des accidents nucléaires.
Mais il n’a pas ratifié celle sur la sûreté nucléaire, important accord rédigé après Tchernobyl. L’AFP a retrouvé la trace d’une inspection par une équipe d’experts internationaux du centre de recherche nucléaire de Soreq en 2013, mais aucune de Dimona.
L’AIEA n’a pas réagi aux informations du Haaretz.
Uzi Even, universitaire de Tel-Aviv impliqué dans la construction du réacteur et aujourd’hui avocat de sa fermeture, estime qu’Israël n’est pas en mesure de construire seul un nouveau réacteur. « Et personne ne nous vendra un réacteur avant que nous ayons signé le Traité de non-prolifération », dit-il à l’AFP.
Les experts soulignent cependant qu’Israël a du temps pour soi. Le grand âge de Dimona n’est pas exceptionnel dans un parc mondial dont le vieillissement est source de préoccupation.
La commission atomique israélienne a fait valoir qu’il « n’y (avait) plus aujourd’hui dans le monde de limite à 40 ans » pour des centrales dont la durée de vie peut être prolongée « de manière significative ». Uzi Even a souligné les nombreuses raisons politiques de maintenir Dimona en activité, ne serait-ce que les milliers d’emplois en jeu.


Source Good Planet