lundi 13 juin 2016

Yona Friedman, l’architecture rêveuse





Structures mobiles de cubes constitués d’anneaux métalliques, concepts architecturaux expliqués en bandes dessinées : Yona Friedman aime bricoler et griffonner. Et cela n’a rien de péjoratif, au contraire. Car ce théoricien de l’architecture et dessinateur français est un adepte du système D, de constructions flexibles, recyclables et participatives...







Une démarche qui trouve un écho aujourd’hui favorable dans les cercles les plus prestigieux du premier des arts, à l’instar de la Biennale d’architecture de Venise, focalisée cette année sur des projets sobres et écologiques.
La Cité de l’architecture, à Paris, a donc été bien inspirée en consacrant une exposition, modeste mais stimulante, à ce nonagénaire aux idées toujours neuves.
Né en 1923 à Budapest (Hongrie), Yona Friedman est, durant la guerre, résistant, puis arrêté et exilé dans un camp de réfugiés à Bucarest (Roumanie). Il tire de cette expérience douloureuse la volonté d’adapter l’architecture aux contingences du moment, en tendant vers un seul et unique but : l’autonomie des individus et leur épanouissement.


Ville spatiale


Après des études à Haïfa, en Israël, il s’installe à Paris en 1957 pour élaborer avec Jean Prouvé des abris éphémères cylindriques. Il développe dans le même temps, au moyen de maquettes de bric et de broc et de photomontages colorés, son concept de « ville spatiale », ossature vide sur pilotis suspendue au-dessus du tissu urbain existant et dont les espaces peuvent être aménagés par les habitants.
Il adresse ses écrits aux chantres du modernisme, à commencer par Le Corbusier. « Mais la plupart de ses confrères raillent alors sa conception de ”l’auto-architecte”, relate Caroline Cros, commissaire de l’exposition. Il a toutefois été réhabilité par des plasticiens et architectes contemporains, telle que l’agence Lacaton-Vassal (Équerre d’argent en 2011),qui partagent cette conception économique et modulable des constructions. »
Sans jamais être dogmatique, Yona Friedman prône une esthétique réconciliant bon goût et bon marché.
« L’erreur de l’architecte est de concevoir une sculpture, estime-t-il. L’architecture doit être modifiable par l’usager à l’intérieur comme à l’extérieur, ce que permettent les technologies d’aujourd’hui. » Il ne croit pas si bien dire. Un étudiant lui a envoyé des photos d’abris temporaires du camp de Grande-Synthe calqués sur ses dessins : l’utopie réalisée…


Stéphane Dreyfus


« Yona Friedman, Architecture mobile = Architecture vivante »
Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, jusqu’au 7 novembre
Rens. : 01.58.51.52.00. 1, place du Trocadéro, Paris.


Source La croix