lundi 20 février 2017

Drogue, homosexualité : un film abat les tabous arabes israéliens


 
Bar Bahar raconte un choc des cultures: celle de Nour, voilée et conservatrice, et celle de Leïla et Salma, jeunes Arabes israéliennes qui font les 400 coups dans l'anonymat de Tel-Aviv. Mais le vrai choc, sa réalisatrice l'a ressenti quand on l'a menacée de mort....



Avec son premier long métrage sorti en janvier en Israël, Maysaloun Hamoud, 35 ans, frappe fort.
En deux heures, la réalisatrice originaire de Galilée s'attaque aux tabous de la société arabe israélienne: il y a la drogue, l'alcool, l'homosexualité de Salma, refusée en bloc par sa famille chrétienne, l'indépendance de Leïla, qui préfère quitter son petit ami lorsqu'elle découvre qu'il est bien plus conservateur qu'il ne le prétend.
Il y a surtout l'histoire de Nour, originaire de la ville conservatrice d'Oum el-Fahem, bastion en Israël du Mouvement islamique, proche des Frères musulmans.
Nour est d'abord choquée par l'attitude de ses colocataires quand elle emménage dans leur appartement de Tel-Aviv, mais finit par se rebeller contre sa famille et les traditions. Elle quitte son fiancé Wissam, barbu et peu avare de formules religieuses, après que celui-ci la viole, une scène montrée à l'écran.

Menaces de mort

Le film sortira en France fin mars, sous le titre Je danserai si je veux. Déjà sorti aux États-Unis, il a été salué par le magazine Variety comme un drame « convaincant » et par le Hollywood Reporter comme un « premier film pétillant ». Il a été primé au festival de San Sebastian, en Espagne.
En Israël même, le nombre des entrées n'est pas disponible. Mais il a retenu l'attention, y compris chez les cinéphiles juifs.

À Oum el-Fahem en revanche, il a provoqué une levée de boucliers et a été interdit de projection.
La municipalité a dénoncé un film « de bas niveau, sans le moindre élément de vérité ».
Maysaloun Hamoud et ses actrices ont même reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux: « Ceux qui parlent en mal d'Oum el-Fahem creusent leur propre tombe », ou « Il vous faudrait une balle dans la tête et une autre dans le cœur. »
« En tant qu'artiste, réalisatrice et scénariste, mais aussi en tant que membre de cette société, j'ai le droit d'évoquer tous les sujets que j'estime importants », répond Mme Hamoud, le visage encadré par des cheveux noirs coupés court. Elle porte aux bras plusieurs tatouages, dont un est le titre de son film aux couleurs du drapeau palestinien.

« Le public est le bienvenu s'il veut voir mon film, comme n'importe quel autre. Mais si quelqu'un n'est pas intéressé, qu'il passe son chemin », ajoute-t-elle dans un café de Jaffa, quartier ancien et mixte de Tel-Aviv où elle vit.
Son film met à l'écran ce que la société arabe israélienne tient caché, comme les soirées arrosées où les volutes de cannabis s'élèvent parmi les danseurs, dit-elle. « Je n'exagère rien, chaque scène est réaliste », martèle-t-elle.
 
Source
L'Orient le Jour
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