mardi 3 octobre 2017

300 familles juives ont quitté Toulouse depuis la tuerie de Mohamed Merah à l’école Ozar Hatorah


Depuis 2012, environ 300 familles ont quitté Toulouse pour rejoindre Israël. Une vague de départs faisant écho aux attentats de Mohamed Merah et à la montée de l’antisémitisme........Détails.........



En 2012, Mohamed Merah abattait trois militaires, un enseignant et trois enfants d’une école juive, avant d’être tué.
Gabriel, 4 ans, et Arieh, 5 ans, étaient avec leur papa, Jonathan Sandler, devant le portail d’Ozar Hatorah, à Toulouse.
À 7 h 57 précises, lundi 19 mars 2012, le tueur au scooter Mohamed Merah débarque et abat froidement ses victimes.
L’homme poursuit ensuite une petite fille de 7 ans dans l’établissement, la saisit par les cheveux et l’exécute d’une balle dans la tête. Il s’agit de Myriam Monsonego, la fille du directeur de l’établissement. Un adolescent de 15 ans est aussi grièvement blessé lors de l’attaque.
Le traumatisme est encore prégnant pour Nicole Yardeni, quand elle donne le récit de cette matinée où Toulouse a plongé dans l’horreur. Elle était alors présidente de l’antenne locale du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) à Toulouse :

Il y avait 200 jeunes dans l’enceinte de l’établissement lors que Mohamed Merah a pénétré à Hozar Hatorah. La plupart d’entre eux étaient à la Synagogue au moment des faits, les conséquences auraient pu être encore plus dramatiques.


300 familles ont quitté Toulouse

Cinq ans plus tard, alors que le procès du frère de Mohamed Merah a débuté lundi 2 octobre 2017 à Paris, l’émotion est toujours intense. Certains ont terminé péniblement l’année, d’autres ont préféré quitter Toulouse.
Selon les chiffres de l’Agence juive, environ 300 familles ont déjà quitté la Ville rose depuis l’attentat de Mohamed Merah.
« Toulouse, qui compte quelque 12 000 personnes de confession juive, est l’une des villes françaises ayant enregistré le plus grand nombre de départs en Israël », souligne Marc Fridman, porte-parole du Crif à Toulouse. « Il y a eu un pic entre 2014 et 2015, mais le phénomène commence à s’atténuer ».
Pour beaucoup de familles, l’Alya, qui désigne l’acte d’immigration en Terre sainte, est motivé par de fortes convictions religieuses. « Disons que les attentats ont été un déclencheur pour le départ », analyse Marc Fridman. Selon le souhait du fondateur d’Ozar Hatorah, Yaacov Monsonego, père de la petite Myriam, l’établissement continue, lui, de fonctionner.
Seul le nom a changé. Rebaptisé Ohr Torah (Lumière de la Torah) , l’établissement délivre un enseignement sous contrat avec l’État, à l’image de l’enseignement catholique.
Malgré ces événements dramatiques, Yaacov Monsonego en est resté le directeur.

Ozar Hatorah a perdu le tiers de ses effectifs

« L’établissement a perdu le tiers de ses effectifs depuis la tuerie », souligne Marc Fridman, par ailleurs représentant des parents d’élèves. « Mais l’année 2017 marque une légère augmentation des effectifs ».
Marc Fridman met en avant le fait que les Juifs sont « attachés aux valeurs de la République ». Cependant, il observe une « montée de l’antisémitisme en France ».
Antisémitisme que les établissements de l’enseignement public ne parviendraient pas à juguler, du moins dans certains quartiers.
Marc Fridman cite notamment l’ouvrage Principal de collège ou imam de la République ?  publié en 2017. Le livre a été écrit par Bernard Ravet, qui fut 15 ans principal de collège à Marseille.
Il y décrit le lent grignotage de certains établissements publics par le religieux : « Surveillants prosélytes », « élèves prêchi-prêcheurs », « parents sexistes »… Dans son livre, Bernard Ravet confie avoir été obligé de refuser un élève juif, « faute de pouvoir le protéger au quotidien ».

« Une guerre idéologique »

Le porte-parole du Crif à Toulouse se montre toutefois rassurant : « Il y a aujourd’hui une prise de conscience vis-à-vis de l’état de guerre idéologique que traverse la France ». En attendant, 300 familles de Toulousains ont quitté la France pour rejoindre Israël.
Marc Fridman se remémore le contexte de la tuerie de 2012 :

Il y a eu de la compassion après les attentats de Toulouse et de Montauban, mais l’opinion publique n’a pas perçu ce qui était en train de se jouer. Il a fallu attendre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher pour avoir une prise de conscience sur l’état de radicalisation de la France. Je rappelle qu’en 2012, on évoquait pour Merah la thèse du « loup solitaire »…

Pour Marc Fridman, c’est en réalité une idéologie à combattre, celle de « l’islamofascisme ».

Hugues-Olivier Dumez

Source Actu.fr
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