jeudi 16 novembre 2017

L’urne recueillant les cendres de déportés « profanée », à Rouen....


Des travaux à quelques centimètres d’un monument aux morts : « profanation » pour les associations, non-événement pour d’autres......Détails........

Le 10 novembre, votre journal faisait paraître l’information suivante : des travaux d’aménagement d’un appartement rue du Donjon avaient entraîné la pose d’une colonne d’évacuation de gravats.
Jusque-là, rien que de très banal. Mais la bouche d’évacuation était positionnée juste au-dessus de l’urne contenant les cendres de victimes de la déportation, devant cet immeuble qui a servi de quartier général à la Gestapo pendant la Seconde Guerre mondiale. Le monument n’a pas été abîmé.

Vives critiques sur Internet

Depuis la parution de cet article, de très nombreuses réactions d’internautes sont intervenues : si rares étaient ceux qui évoquaient la nécessaire dignité d’un devoir de mémoire, la plupart estimaient que votre journal cherchait une polémique là où il n’y en avait pas, qu’il s’agissait de simples travaux et qu’il fallait laisser les entreprises travailler sereinement.
Quelques rares commentaires flirtaient avec des connotations antisémites, d’autres faisaient des parallèles avec la traite négrière et le fait que si cela avait été un monument la déplorant, votre média n’en aurait pas parlé.
Ce n’est pas du tout l’avis des principaux concernés, soit les déportés et leurs filles et fils, familles et proches.
La présidente de l’association des déportés internés et leurs familles, le président de l’amicale de Mathausen, le vice-président du comité international de Mathausen, la présidente de l’amicale normande de Dachau, le président du comité international de Dachau ainsi qu’un représentant de la communauté juive de Rouen et ancien adjoint au maire, dénoncent une « profanation » et ont annoncé leur intention de déposer plainte.

« Une souillure,une offense, un mépris »

« L’évacuation de gravats juste sur le monument aux victimes de la déportation est une profanation », écrivent les associations et leurs représentants.
« Ce monument aux victimes du nazisme, à l’emplacement du siège de la Gestapo où de nombreux résistants ont été torturés, est une sépulture, un lieu d’hommage, de souvenirs et de prières.
La présence de cendres de martyrs des camps de concentration y est gravée... L’évacuation des gravats a été délibérément faite sur le monument, sans aucun égard et en faisant fi de ce lieu sacré », alors qu’il existait, selon les associations, « d’autres solutions ».
« C’est une souillure, une offense, un mépris du passé et des morts, une faute morale. »
Si l’article 225-17 du code pénal détaille que « la violation ou la profanation, par quelque moyen que ce soit, de tombeaux, de sépultures, d’urnes cinéraires ou de monuments édifiés à la mémoire des morts est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende », l’intégrité du monument, dans ses aspects physiques, reste sauvegardée rue du Donjon. Reste donc à savoir si ces faits sont constitutifs de « profanation », mais la judiciarisation de ces faits pourrait ne pas intervenir.
En effet, le notaire Jean-Noël Tulliez, propriétaire de l’appartement en réfection, a écrit dans un courrier qu’il partageait « l’émoi des associations représentatives des victimes de la Seconde Guerre mondiale, exprime ses plus sincères excuses et assure avoir donné à l’entreprise les instructions afin qu’une telle négligence ne se reproduise plus et ainsi garantir le respect dû à ce lieu de commémoration et du souvenir ».
Source Paris Normandie
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