dimanche 18 mars 2018

Faux ordres de virements internationaux : les escrocs ont déjà raflé 640 millions d'euros !


Les faux ordres de virements internationaux (Fovi) menacent toujours. Chaque semaine, des dizaines de tentatives ciblant des entreprises auvergnates sont recensées. Objectif des escrocs : obtenir des transferts d’argent s’élevant jusqu’à plusieurs millions d’euros d’un coup. Trois attaques ont abouti en 2017 dans la région.......Détails........
 

C’est une guerre invisible et souterraine, sans explosions retentissantes ni effusions de sang.
Pourtant, les Fovi continuent de faire des dégâts parfois irréversibles dans le tissu économique français.
Tout n’est pas noir, loin de là. Depuis le pic de 2014, les nouvelles du front hexagonal sont même encourageantes : le bilan des pertes a été divisé par cinq en l’espace de trois ans – de 150 millions d’euros à 29 millions l’an dernier. Preuve que les appels incessants à la vigilance, les efforts de prévention et les coups portés aux équipes d’escrocs par les enquêteurs spécialisés, notamment en Israël, portent leurs fruits.

Relâchement interdit

« L’amélioration est nette », confirme le commandant divisionnaire Pascal Duthilleul. Avant de mettre aussitôt en garde contre tout relâchement : « Il ne faut surtout pas baisser la garde. En Auvergne, il y a toujours des dizaines de tentatives d’escroqueries aux Fovi chaque semaine. La menace est toujours là, bien réelle. »
Cet officier chevronné, à la tête de la division économique et financière de la police judiciaire clermontoise, a connu la saignée de 2013-2014, marquée par les attaques réussies contre Michelin (1,6 million d’euros envolé) et « un grand groupe étranger possédant un site à Clermont-Ferrand » (12,5 millions siphonnés d’un coup d’un seul). « Cette mauvaise passe a servi d’électrochoc », analyse-t-il.
 La réaction conjuguée des services de l’État, de l’ordre des experts-comptables, du Medef et de certaines banques, associée au travail de fond du SRPJ, ont en effet permis de stopper l’hémorragie. Avec une traduction chiffrée spectaculaire : pas une seule attaque n’a abouti sur le sol auvergnat entre fin 2014 et mi-2017.
 
Votre avocate en Israël... 

Via de vraies factures

Mais la belle série a pris fin. « Trois entreprises ont été touchées en l’espace de quelques mois », indique Pascal Duthilleul. La comptable d’un groupe pharmaceutique puydômois a d’abord été entourloupée par un homme se faisant passer pour le fournisseur habituel de seringues de la société. Le malfrat est allé jusqu’à produire de vraies factures en attente de paiement pour tromper l’employée.
Et la convaincre de virer 57.000 euros vers un compte à Varsovie.
 Quelques semaines plus tard, ce même établissement polonais a vu arriver 1,2 million d’euros en provenance d’une filiale de la Banque de France, à Chamalières. Cette fois, la comptable croyait régler des factures à un fournisseur de papier… La coquette somme sera récupérée in extremis avant de partir pour la Chine.

Une PME  du Cantal verse 542.000 €  à la demande d’un faux avocet

Dernière victime en date : un constructeur de maisons du Cantal, piégé en août par un « avocat » soi-disant mandaté par le PDG. Prétextant une opération « exceptionnelle, urgente et confidentielle » – un triptyque connu mais encore efficace – l’escroc a raflé 542.000 euros.
La réactivité de la banque de l’entreprise a permis de récupérer 200.000 euros. « Grâce à l’action du parquet d’Aurillac, du patron concerné et de nos enquêteurs, le solde restant a pu être gelé et rapatrié fin février », se félicite Pascal Duthilleul.
 La PME cantalienne a échappé de peu à la catastrophe. Mais sa mésaventure sonne comme un rappel cinglant : grande ou petite, aucune entreprise n’est à l’abri.

En chiffres :

640 millions d'euros*, c'est le préjudice cumulé des faux ordres de virements internationaux pour les entreprises françaises ou implantées en France en l’espace de sept ans. Toutes les sociétés visées ne déposant pas plainte, ce chiffre est sans doute sous-estimé.
18 millions. En euros, le montant des dégâts occasionnés par les Fovi en Auvergne.
Une seule et même entreprise – un « grand groupe étranger ayant un site à Clermont-Ferrand » – a perdu 12,5 millions d’euros. C’était en 2013.
24 heures.
Au-delà de ce délai, l’espoir de faire geler et rapatrier les fonds virés à l’étranger est quasi inexistant. D’où l’appel à la vigilance et à la réactivité de tous les acteurs économiques.
*Chiffres de l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).
 
Source La Montagne
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